Le mythe du vampire se retrouve dans le monde entier. Le vampire est un mort qui se nourrit de sang. Dans notre conception occidentale, il est donc pâle et possède des canines plus pointues que la normale. Il se protège du soleil en retournant dormir dans son cercueil. Il serait repoussé par l’ail, les crucifix et on le tuerait d’un pieu dans le corps. Le mythe arrive des Balkans en Europe occidentale avu XVIIIe siècle. A cette époque, des accusations de vampirisme furent étudiées par les autorités autrichiennes dans les Balkans récemment reconquis au Turcs. Cela enthousiasma les intellectuels européens d’étudier un mythe à l’époque des Lumières. Les mythes étant un récit cherchant à expliquer des phénomènes naturels ou des coutumes, on a eu de cesse de chercher des explications aux vampires. Il est fort probable qu’il s’agisse de plusieurs phénomènes mal compris. Parmi ceux-ci, il y a la mauvaise décomposition des corps. En temps d’épidémie, il n’était pas rare de rouvrir des fosses communes ou, en temps normal, de rouvrir des tombes quand on soupçonnait quelqu’un d’être un vampire. Il était alors donné à voir des corps en décomposition et dans certains cas des corps non-décomposé. Les cadavres peu décomposés ont un tient rosé, sont gonflé par les gaz dû à la décomposition interne (par les bactéries de notre estomac) ce qui donne une impression de vie. La peau se contracte ce qui donne alors l’impression que les ongles et les cheveux continuent de pousser et que les dents sont plus proéminentes. Quand on perce le corps avec un pieu, le gaz s’échappe donnant l’impression d’un râle et d’un affaissement du corps. On retrouve ce genre de décomposition très lente dans des terres avec de fortes teneurs en arsenic où les décompositeurs ne peuvent pas vivre ou dans les terres très froides. Des meurtriers particulièrement sadiques ont également alimenté le mythe. Deux de ces tueurs sont particulièrement lié au mythe du vampire.
Vlad Tepes (ou l’Empaleur) le véritable Dracula était un prince roumain qui vécut au XIVe siècle. Après avoir été emprisonné par les turc durant son enfance, il se battit contre ces derniers et ne se gênait pas pour empaler ces ennemis défaits qu’ils soient militaires ou civils. Sa légende, surement amplifiée à des fins politiques, est celle d’un vampire et a servi de base à Bram Stoker pour écrire son Dracula. Le deuxième cas est l’aristocrate hongroise Elisabeth Bathory dont la légende populaire dit qu’elle se baignait dans le sang de vierges pour rester éternellement jeune. Elle a réellement torturée et tuée entre 35 et 650 jeunes filles et fut emmurée vivante. Sa fascination pour le sang est avérée et elle était probablement mentalement instable dû à la consanguinité de ses parents. Si aujourd’hui on les désignerait sous le terme tueur en série, à l’époque on “expliquait” ces agissements par le surnaturel et si les crimes étaient particulièrement sanglants, on utilisait le terme de vampire. D’ailleurs des tueurs en série plus récent ont été surnommé vampire par les médias. Certains médecins ont fait le parallèle entre les signes caractéristiques des vampires et des symptômes de certaines maladies. Les porphyries En 1985, le biochimiste David Dolphin a émis l’hypothèse d’un lien les porphyries entre et les mythes des vampires et des loup-garous. Il s’agit de maladies génétiques rares ou dues à une intoxication aux métaux lourds. Dans ce dernier cas, elle est réversible si l’intoxication n’a pas eu lieu au stade fœtal ou dans les premières années de vie. Elles entrainent une accumulation de molécules précurseurs de l’hème (porphyrines). L’hème est la partie non-protéique de l’hémoglobine. Cette partie est celle qui s’attache au fer qui transporte l’oxygène en s’oxydant. 4 molécules d’hèmes se combinent avec 4 protéines dites globules pour former l’hémoglobine constituant des globules rouges. L’hème est fabriqué par l’organisme à partir de deux molécules. L’une venant du cycle de Krebs qui transforme le sucre en énergie (succinyl-CoA) et l’autre est un acide aminé (glycine).
Ces deux molécules sont transformées par une série de protéines en hèmes. Toutes les protéines sont codées par des gènes et une mutation peut rendre l’une d’elles inefficace et donc empêcher la formation d’hème. Selon la protéine touchée, on précisera le type de porphyries. Les molécules précurseur de l’hème s’accumulent alors dans l’organisme entrainant divers symptômes. Parmi eux, il y a des cas de destruction de la peau lors d’exposition au soleil obligeant les malades à éviter la lumière du jour, une coloration rougeâtre des dents et des ongles (les molécules sont des pigments violet-rouge), une nécrose de la gencive faisant anormalement ressortir les dents, une croissance rapide des cheveux. Certains malades sont allergiques à l’allicine qui se trouve principalement dans l’ail. Bref de quoi rappeler les descriptions légendaires des vampires. Il est possible de soulager les malades avec des transfusions sanguines. Certains pensent qu’avant la mise en place de cette pratique, les malades auraient pu boire du sang mais cette idée semble peu probable car l’hémoglobine est dégradée lors de la digestion. Pour certains spécialistes, il est plus probable que les auteurs de la fin du XVIIIe et du XIXe eu connaissance de cette maladie et s’en soit inspiré pour créer leurs vampires. En effet, cette maladie devait être assez répandue dans l’aristocratie. On pense ainsi que Mary, reine d’Ecosse, son descendant George III d’Angleterre, ainsi que d’autres membres de cette famille furent atteint par cette maladie. Cette hypothèse se base sur les rapports médicaux et des tests sur des descendantes de cette famille. Cette maladie reste trop rare pour être à elle seule pour expliquer le mythe des vampires mais certains malades ont dû être exclus de leur communauté et probablement suspecté de vampirisme. La tuberculose pulmonaire La tuberculose pulmonaire est une des maladies souvent proposée pour expliquer les vampires. La tuberculose est due à une mycobactérie appelée couramment bacille de Koch ou de son nom savant Mycobacterium tuberculosis. La forme la plus connue et la plus répandue est la forme pulmonaire mais il existe également des formes osseuses, ganglionnaires, rénales, cutanés… C’est une maladie fortement contagieuse car les bactéries sont transmises par l’air (comme le rhume) et qu’elles sont très résistantes dans l’air. Elle est soignée à partir du XIXe siècle dans les sanatoriums puis à partir des années 1950 par les antibiotiques. Il faut noter qu’une primo-infection est le plus souvent latente quand le “malade” est en bonne santé et vie dans de bonne condition (80 à 95 % des personnes). Même si elle est devenue rare dans nos pays, elle reste importante dans les pays du tiers monde où elle fait des ravages chez les malades du SIDA. Elle tue tous les ans 2 millions de personnes. Les symptômes de la forme pulmonaire sont d’abord un amaigrissement et une perte d’appétit, une langueur, une faible fièvre durant plusieurs mois et surtout une toux accompagnée parfois de crachat de sang
Du coup, certains malades compensaient la perte de sang en en consommant. Les tuberculeux ont également les yeux rouges ou jaunes ce qui créaient une sensibilité à la lumière. On retrouve bien les symptômes d’un vampire : la pâleur, du sang à la bouche (voir de la consommation de sang), la fatigue et l’évitement de la lumière du soleil. De plus, du fait de la grande contagion de cette maladie, il n’était pas rare qu’une famille entière en meure. La croyance était alors que le premier mort était un vampire qui revenait chercher les autres membres de sa famille. Ce fut le cas Mercy Brown au XIXe siècle en Nouvelle-Angleterre. Elle a 19 ans quand elle meure de la tuberculose comme sa mère et sa sœur aînée peu de temps avant elle. Deux mois après sa mort, son frère tombe malade. Le père, se demandant si ce n’était pas dû à un vampire, fait exhumer les corps. Le corps de la mère et de la sœur aînée s’était normalement décomposé mais le corps de Mercy a été bien conservé par le sol presque gelé. Du coup Mercy fut accusé d’être le vampire. Son cœur fut arraché, son corps brûlé et on donna à boire à son frère une mixture préparer à partir de ses cendres et de son cœur pour le protéger. Bien sûr ça ne servit à rien et il mourût quelques semaines plus tard. La rage La dernière maladie proposée pour expliquer le mythe est la rage. Cette théorie repose sur les anciennes légendes européennes qui font – au moyen-âge – pas ou peu la différence entre loup-garou et vampire. Cette ressemblance viendrait des symptômes de la rage. La rage se transmet par morsure ou léchage ce qui correspond au mode de transformation tant chez les vampires que chez les loups-garous. A noter que le loup et la chauve-souris, les deux animaux liés à ces êtres surnaturels, peuvent être vecteurs de cette maladie. En effet contrairement à la bactérie de la tuberculose, le virus de la rage ne survie pas à l’air libre. La maladie est due à un virus à ARN du type Lyssavirus qui se propage dans le système nerveux et gagne le cerveau via les nerfs. C’en suit une période d’incubation qui dure entre quelques jours et quelques mois. Ensuite, les malades développent les symptômes qui aboutissent toujours au décès entre 2 à 10 jours. Les premiers symptômes sont une fièvre et la blessure qui reste douloureuse. Il existe alors deux formes, la plus célèbre est la forme furieuse et représente environ 70% des cas, les malades deviennent alors anxieux, confus, agités voir agressifs. Des hallucinations apparaissent ainsi qu’une hydrophobie (peur de l’eau). La deuxième forme est “paralytique” où le patient est progressivement paralysé à partir de la blessure. Cette forme a une progression plus lente. Il est néanmoins possible de soigner la maladie en la traitant avant l’apparition des symptômes. Il suffit de bien nettoyer la plaie au savon puis il est recommandé de suivre un traitement à base d’antibiotique et de se faire vacciner. Le traitement est complété avec des injections de sérum, c’est-à-dire d’anticorps contre la rage. L’effet curatif du vaccin en a fait son succès dès sa découverte par Louis Pasteur. Par la vaccination des humains puis des animaux vecteurs, il a été possible d’éradiquer la rage en France métropolitaine et en Suisse (et dans la plupart des pays l’Europe de l’ouest en général). La maladie reste présente dans de nombreux pays et fait plus de 55 000 morts chaque année. La plupart des cas ont été transmis par les chiens (99%) et 15 millions de personne reçoivent les traitements en prévention. Le lien entre le mythe du vampire a été proposé par le neurologiste espagnol Juan Gómez-Alonso. Il a découvert que 25% des hommes infectés avait tendance à mordre les autres. Il décrit également la peur des vampires pour l’ail et la lumière pouvait être expliquée par une hypersensibilité. La vie nocturne et l’appétit sexuel proviendrait des trouble du sommeil induit par la maladie. Enfin il explique qu’une des façons traditionnelles de savoir si une personne est porteuse de la rage est qu’elle ne puisse pas se regarder dans un miroir. De là à ne pas avoir de reflet, il n’y a qu’un pas. Conclusion D’autres maladies sont parfois citées pour expliquer le mythe du vampire comme les épidémies de peste bubonique dans sa forme pneumonique, le lupus erythematosus, la catalepsie ou le xeroderma pigmentosum… Si aucune de ces maladies ne fait l’unanimité pour expliquer le mythe du vampire, c’est qu’il est construit sur des croyances et des récits divers. Psychologues et sociologues se sont également emparé du mythe pour y trouver une raison : peur de la mort, opposition du bien et du mal, le désir sexuel… Le vrai pouvoir surnaturel du vampire est sa capacité d’adapter son mythe au monde qui l’entour. Si le mythe pouvait être explicatif devant certains phénomènes et maladies depuis la nuit des temps, il a réussi à survivre aux explications rationnelles en entrant dans le domaine de la littérature.
Source: dossier Les maladies expliquand le mythe du vampire